lundi 9 juillet 2012

#Concert : Breton @Marseille Rock Island


D'emblée un dilemme s'est imposé à moi : regarder cette demi-finale d'Euro s'annonçant palpitante avec deux des équipes les plus affriolantes à voir, ou aller direct au Fort Entrecasteaux pour assister aux concerts de Nneka (?) et Kakkmaddafakka (top 10 des noms de groupes farfelus) ? L'appel de la bière en matant les Pirlo, Özil, et consorts caresser la balle fut la plus forte. Une fois les fulgurances de Mario Balotelli digérées, dont cet extérieur du pied (un brossé de Mario aurait été plus cocasse) et cette célébration, direction Marseille pour ne quand même pas rater l'immanquable : le concert de mes chouchous de Breton. L'autoroute fermée et les travaux sur le vieux-port n'auront pas eu raison de moi : 23h30 me voilà dans l'enceinte de ce Fort, une bière à la main face à l'exceptionnelle vue du port et des environs.

J'entends au loin un rock énergique quoiqu'un peu conventionnel avant de comprendre qu'il s'agit là de la dernière chanson des Norvégiens de Kakkmaddafakka. Les dernières notes à peine jouées que l'assemblée se lance dans un exode massif, laissant une place considérable sur la bute touffue qui sert de fosse. Après un court laps de temps qui me permet d'apprécier à sa juste valeur le spectacle offert par l'emplacement assez féérique de ce festival, les britons investissent la scène. Pas de temps à perdre, Breton envoie la purée avec un 15x en guise d'intro qui fait rentrer le public dans une légère transe tribale. Et hop en deux trois mouvements on vient d'entendre Pacemaker et Edward the Confessor, deux des morceaux les plus convaincants de l'album à mon sens. Leur beau gosse de chanteur/guitariste fait le faux modeste en prétendant ne pas parler spécialement bien français, alors qu'il enchaîne des phrases que même nos footeux hexagonaux auraient du mal à lâcher. Les membres du groupes échangent leurs rôles en enchaînant les morceaux de classe, du groove imparable de Governing Correctly à l'excellence britannique de Wood and Plastic. Sur la fin les morceaux se font plus lourds, plus électroniques, plus dansants et plus hypnotiques que jamais. Les guitares se font rares et quasiment tous les membres sont sur leur clavier ou leurs machines à boum boum. Le peu de fidèles ou de bourrés attroupés sur la bute bougent de la tête, tapent des pieds, certains semblent même possédés quand la dévastatrice Ordnance Survey s'intercale après un Jostle de haute volée. Les gars font le boulot musicalement mais aussi scéniquement, le chanteur Roman Rappak haranguant la foule, levant son verre ou sa bouteille de champagne et remerciant chacun d'entre nous de venir les voir dans ce qu'il appelle "the fucking castle of Jesus Christ". Pourquoi pas. Après un Foam rudement mené, ils quittent la scène lâchement, laissant bien entendu augurer un bon petit rappel des familles. Le temps de capter la supercherie -on me la fait pas à moi-, ils reviennent enfoncer le clou qui a déjà bien entamé la planche avec Episodes, alliant l'efficacité rock briton à la profondeur de leurs sonorités électroniques et même à une touche de dubstep délicatement intégrée. Le second au revoir ému est le bon, les poivrots peuvent dévaler la petite pente en roulant sur le flanc tranquillement, les autres revenir à la triste réalité qui leur impose de se réveiller tôt le lendemain.



Nos jeunes étudiants en art en ont donc dans le pantalon et savent y faire avec la scène, loin de leur lab douillet où ils élaborent leurs perles électroniques. Quand la profondeur de son n'est pas aussi palpable qu'en studio, c'est l'efficacité et la "dancefloorité" qui prennent le dessus, pour un set oscillant entre le très bon et le jouissif. Vive les Breton.

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